DAVE « Comment ne pas être amoureux de vous » Mémoires ( Talent Editions 20,99€)
L'homme dont je viens de lire l’autobiographie a vendu jusqu’à quarante mille disques par jour… Je suis rassuré Dave a toujours de la mémoire !
Son livre est franc, il ne cache rien ce qui est très rare dans ce genre d’exercice. Et comme son titre l’indique en partie « comment ne pas être amoureux de…/… lui ». On y découvre son enfance avec un père frimeur et une mère discrète. Issu d’une famille d’intellectuels néerlandaise avec cette mère adorée danseuse étoile et ce père fier professeur descendant d’une famille fortunée.
Il nous y apprend que son paternel trompait sa mère avec la bonne et que ce fut pour lui déconcertant. Sa mère avait engagé Marie alors qu’elle avait 14 ans et la considérait comme sa deuxième fille. « Mon père a commencé à la tripoter quand elle avait 19 ans. Elle avait quarante de moins que lui. Jusqu’à la fin de sa vie, mon père a vécu avec Marie. » Un père juif dont Dave garde une certaine admiration, car cet homme a dû fuir en permanence les nazis qui voulaient le gazer.
On retrouve ses confidences tout au long de son livre. À 80 ans, l’âge que le chanteur a aujourd’hui, sa mère a demandé l’euthanasie à la suite des douleurs d’un cancer. Avec humour et tendresse, il rajoute « ma mère était comme moi : la femme d’un seul homme. Elle ne l’a jamais remplacé. »
Sans malaise, Dave nous balade dans ses histoires d’amour entre femmes et hommes. On navigue avec lui sur son bateau de l’espérance malgré ses échecs du début dans ce monde de la chanson. C’était au temps où Dave Levenbach était Dave Rich : « Riche, peut-être, mais pas tout de suite ». Là on retrouve bien son esprit hollandais.
En écrivant ses amours de vie, les mots sont francs, tendres, justes, même ses ruptures y sont belles. Dave partage avec nous. Nous sentons naturellement être sa plus belle histoire d’amour. C’est un fidèle en tout. Il n’abandonne jamais personne. À chaque page apparaissent des noms de sa reconnaissance comme celui de Jean-Jacques Souplet, son producteur.
Sa franchise à l’humour folâtre et parfois irrévérencieux éternise l’affirmation que son cerveau ne peut pas tenir cachés ses bons mots. Il a du mal à fermer sa « gueule ». Son livre authentique ne falsifie rien. Un peu de rancœur parsemée de-ci delà parfois lui apporte de la mélancolie.
Il n’hésite pas. Tout est loyauté dans ses mémoires. Un jour, il parle de ses maitres chanteurs dont il dit avoir beaucoup appris. Les galères du métier des petits cabarets aux chapiteaux aux douze mille personnes, ses tournées avec les podiums des grandes radios de l’époque… On a un plaisir fou à lire que son « université » à lui, en 1972 et 1973, fut la comédie musicale : « Godspell », aux sept cents représentations, avec celui qu’il considère comme un frère Daniel Auteuil : « L’amitié est une fraternité choisie .» Une amitié sans aucune pause remplie de droiture comme lorsque le jour où Daniel lui dit : « Dave, qu’est-ce que tu chantes bien… mais qu’est-ce que tu joues mal ! »
Il y revient dans ses mémoires en s’avouant être vraiment un piètre comédien. En revanche, les années de cette comédie musicale mélangeant l’affection, l’humour et l’humanité, seront les marques de ses shows.
Dans son livre, édité chez « Talent Éditions », on y apprend l’histoire de ses chansons et de l’amour qu’il a pour son parolier préféré Patrick Loiseau, son mari. Cinquante ans qu’ils sont ensemble. Belle idée que ce dialogue avec cet être aimé. Ils se sont rencontrés le samedi 6 février 1971. Celui qui allait devenir son mari sortait d’une histoire sentimentale forte avec Anthony Perkins : « Forcément, j’allais être flatté de passer après une telle personnalité. » Patrick savait que son compagnon était un chanteur à minettes, il écrivait avec grande intelligence en fonction du public, sans jamais succomber à la facilité idiote. Patrick est un vrai auteur, prêtez l’oreille aux mots des chansons et vous serez de mon avis. Ensemble, ils iront faire un tour « du côté de chez Swann » en embarquant « Vanina ». Ecoutez les chansons un peu moins connues pour en être convaincus…
Dave parle avec plaisir et normalité de son homosexualité que l’on doit qualifier de bisexualité : « je suis particulièrement frappé de constater à quel point la bisexualité est acceptée, voire répandue - dans les lycées, aujourd’hui.»
Bien sûr une certaine intelligence de couple et une vie de chanteur aux tournées incessantes les ont embarqués dans des infidélités sexuelles : « Durant au moins sept ans, nous avons été parfaitement fidèles l’un à l’autre…/… ». Avec vérité, Dave nous confie leurs amours à trois qui n’ont jamais mis leur couple en péril, notamment avec Titi, le copain amoureux : « à mes yeux, baiser et faire l’amour sont deux choses différentes. Et avec Titi, je crois bien qu’on faisait l’amour. » Dave est un loyal : « Depuis le jour de notre rencontre, je n’ai jamais aimé une autre personne que Patrick…/… Si nous avions 30 ans en 2023, je pense que Patrick et moi aurions eu des enfants. »
Je vais arrêter ici de spolier les mémoires de celui que j’apprécie considérablement. À vous de partir dans la suite avec la lecture exaltée de la décennie des succès des années 1970 : les années Maritie et Gilbert Carpentier… la poursuite des huissiers… la presse people… les années 80 quand le succès s’envole… les croisières qui sont sa bouée de secours… les tournées « Âge tendre » sans oublier ses années d’animateurs TV… cet amour pour les chiens… et bien sûr aussi ce triste matin de janvier 2022 lors de cette chute qui l’a laissé trois jours dans le coma sans parler de ce double pontage en 2011.
Et ce n’est pas grave, Dave, si certains te considèrent comme un chanteur à tube pour midinettes, comme on disait à l’époque, celles qui t’aimaient était peut-être moins con que certains intellos voulaient bien nous faire croire ! « Allez danser maintenant » même si l’arthrose te fait bougonner ! Tu n’es pas un vieux chanteur, tu es un passionné… En 2044 tu n’auras que cent ans et on ira encore faire un tour du côté de chez Dave et Patrick…
Hervé Meillon 2023
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