Il est aujourd’hui le seul à connaitre la réponse.
Bernard Pivot ferme définitivement le livre de sa vie à 89 ans
QUI ÉTAIT CE DON QUICHOTTE DE LA LANGUE FRANÇAISE ?
« Le talent de Pivot vient-il de son goût du Beaujolais nouveau ? » chanta Pierre Perret. Jacques Séguéla ne lui trouvait pas de point faible : « Il a les qualités du français, il aime le football, la bonne chère et le bon vin ».
Amoureux inconditionnel de la langue de Molière, Bernard Pivot n'a de cesse de partager cette passion.
Bernard Pivot fut sans conteste une voix respectée et entendue du milieu littéraire français. Autrefois, la haute intelligentsia se demandait "qui était ce type qui aimait le football, buvait le Beaujolais, n'avait pas fait d'études" et qui leur posait des questions dans l'émission « Apostrophes ». En 1994, il fut le premier membre à être reçu à l'académie Goncourt sans être écrivain.
Né dans une famille bourgeoise de Lyon, il y a 85 ans. Il est le père de deux filles. Pas très bon élève, il va pourtant rapidement se passionner pour les mots, dévorant le Petit Larousse à 10 ans : « Je voulais connaître tous les mots mais hélas je les oubliais vite ». Il fera des études de journaliste, car pour lui le journaliste vit avec son époque : « Je ne fais pas de projection dans le futur ». Sa passion reste la lecture, moins l’écriture. « Je ne sais pas si j’aurais autant lu si je n’avais pas créé "Apostrophes" déclarait-il dubitatif.
Sans conteste, il aime la femme surtout lorsqu’elle est courageuse, gracieuse et a le sens de l’humour. Et chez l’homme qu’aime-t-il ? « Il faut qu’il ait le courage d’être lui-même ». Il avoue volontiers qu’il peut aimer un écrivain sans aimer sa personnalité. « Comme tous les créateurs, les grands écrivains sont très égoïstes et ne sont tournés que sur eux-mêmes. »
Travailleur acharné, Bernard Pivot aimait à se ressourcer à Quincié, en Beaujolais, dans le manoir de ses ancêtres vignerons où il a passé son enfance.
Pivot aimait piéger ses concitoyens avec sa célèbre dictée en y mélangeant même l’argot pour lequel il a une grande tendresse : « Ouvrez grand vos esgourdes, soyez tout ouïe et ne vous laissez pas tarabuster par des guets-apens et autres entourloupettes bizarroïdes ». Il a promené sa dictée à travers les pays francophones.
Pendant des années, Bernard Pivot a captivé la francophonie entière au cours de ses entretiens littéraires dans « Apostrophes ».
À la fin de ses émissions, il avait pris pour habitude de poser une question devenue culte : « Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire ? »
Pour nous, il s’en sortira par une pirouette : « L’au-delà j’y crois en fonction de mes humeurs ! J’aimerais trouver une réponse en arrivant près de Dieu à toutes les questions que je me suis posé sur cette terre sans y trouver d’explications».
UN PARCOURS DE 85 ANS DE VIE ET SES MOTS QUI VONT NOUS MANQUER
Pivot reste le maître incontesté de « La dictée » et des « Dicos d’or » La première épreuve de la dictée sera enregistrée à Beyrouth.
La voix de ce maître du verbe résonne encore en nous ainsi que les nombreux mots magistraux, bizarroïdes mêlés aux accords insolites et subjonctifs rebelles.
Il s’est retiré en 2005 du petit écran et aujourd’hui en 2024 de cette terre
Les mots nous manquent pour vous merci Hervé Meillon
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